J’ai interviewé plusieurs fois Valérie Orsoni dans le cadre de différents articles et à chaque nouvel entretien j’ai été bluffée par l’énergie folle de cette française qui s’est installée aux Etats-Unis il y a une quinzaine d’années et qui, en dépit de nombreux obstacles (problèmes de santé, partenaires commerciaux véreux, etc.), a toujours su rebondir et peut se vanter désormais d’être à la tête d’un business florissant. Son programme pour aider les femmes à maigrir de manière saine et réaliste a séduit 1,2 millions d’adhérentes dans 38 pays, elle coache des stars, a été notamment l’image de la console Wii et a rédigé une vingtaine de livres sur la thématique de la nutrition et du sport… Une chef d’entreprise qui s’est créée sa propre chance, un parcours à la force du poignet comme les américains l’affectionnent et, toujours, une pêche incroyable ! Je me réjouis donc aujourd’hui qu’elle ait accepté de se livrer encore un peu plus pour que vous puissiez faire sa connaissance sur le blog.
Mon parcours
Je suis d’origine corse et j’ai grandi dans un milieu modeste mais j’ai eu une éducation géniale : mes parents m’ont toujours dit que je pouvais faire ce que je voulais dans la vie. J’ai étudié aux Etats-Unis où j’ai obtenu un diplôme de Business and Administration, j’ai travaillé dans une banque à Paris puis j’ai été chassée par un très grand groupe de pièces automobiles à Detroit. Pour moi qui aime beaucoup la mécanique, cela a été une expérience fantastique ! Et puis j’ai vécu une période de harcèlement moral au travail et quand ma famille a eu une opportunité pour aller vivre en Californie, j’étais prête à quitter la France, j’avais un besoin de renouveau après cette épreuve professionnelle.
Je suis donc arrivée aux USA en janvier 2000 et au bout de 3 semaines, j’ai trouvé un job dans une start-up grâce à la communauté corse installée en Californie. Je travaillais 7j/7, c’était épuisant mais j’ai adoré l’ambiance incroyablement stimulante. Après avoir eu des problèmes de santé, j’ai ensuite travaillé pendant un an dans une autre boîte super qui s’appelait Eveo. Mais le 1er octobre 2001, tout a basculé : le matin j’ai appris que j’avais une tumeur au cerveau et à 15H, le PDG m’annonçait qu’il était obligé de me licencier pour raisons économiques !
J’ai pleuré pendant 24 heures et puis mon côté pittbull a refait surface : je voulais m’en sortir. Je ne suis pas gâtée niveau patrimoine génétique (Je suis par exemple née avec un problème d’audition… ce qui est presque devenu un avantage car j’ai appris à lire sur les lèvres !) mais les médecins m’ont toujours dit que si je m’en sortais à chaque fois, c’était grâce à mon style de vie très équilibré. C’est réconfortant et validant pour moi de me dire que j’aide le corps médical à me sortir de tout ce que la nature m’envoie de négatif grâce à ma façon saine de vivre !
Pendant que je me soignais j’ai alors décidé que je ne retournerai plus dans l’univers des start’up, stimulant mais trop épuisant, et que je voulais travailler dans un domaine qui me touchait beaucoup : celui de la santé de la femme ronde. En tant qu’ancienne ronde qui s’est faite arnaquer par plein de régimes, j’avais envie de partager avec d’autres ce qui avait marché pour moi. Quand j’ai été guérie pour Thanksgiving en 2002, j’ai donc sorti My Private Coach. C’était un simple site web que j’avais conçu avec une amie sur mon lit d’hôpital et sur lequel j’offrais un service de coaching One to One minceur. Un jour, une femme très très ronde m’aborde dans un train de banlieue en me disant que je suis bien fichue. Je lui réponds que j’ai justement un site web de coaching et elle me demande quels sont mes tarifs. Je n’avais pas encore pensé combien monnayer ce service et je lui dis 12,99 en pensant 12 dollars 99 par jour. Mais en anglais, il y a deux façons de dire les chiffres : 12,99 peut vouloir dire 12 dollars 99 ou 1299 dollars et elle comprend 1299 dollars par mois… Et elle me dit, banco, je signe !
Patricia a donc été ma première cliente et je lui ai fait perdre 56 kg en 18 mois. Ensuite il y a eu du bouche-à-oreille et de plus en plus de clientes ont fait appel à mes services en tant que coach. Un coach aide une personne à s’améliorer et à grandir, c’est l’accompagnant, le motivateur. On est coach dans la mentalité ou on ne l’est pas, ça ne s’apprend pas. En revanche, il y a des techniques qu’on peut utiliser pour être meilleur : j’ai par exemple suivi des cours à l’International Coaching et je suis devenue cocach certifiée.
Une autre rencontre déterminante a été celle avec Tany Soussana, l’ex-agent de Bruce Willis : elle m’a mise en contact avec des actrices d’Hollywood et c’est grâce à elle que j’ai commencé à coacher des stars. Ce qui leur plaît, c’est ma discrétion et donc cela a un coût parce que ces femmes-là sont très demandeuses en temps et en énergie.
Ensuite, j’ai eu envie de toucher aussi les gens qui n’avaient pas de moyen et j’ai lancé un programme à 99 centimes de dollars par jour qui s’appelait « 30 day boot camp ». Le concept a bien marché et j’ai été contactée par des hommes d’affaires français qui m’ont proposé de m’aider. Mon côté corse fainéant s’est dit « parfait, ils vont s’occuper de l’administratif et de la comptabilité pour moi ! » Je leur ai donc confié mon bébé, rebaptisé 28Jours.com. Mais au bout de 2 ans, ils ont détourné mon site pour qu’ils aillent sur le leur ! Et non, je ne vous dirai pas comment ce site s’appelle pour ne pas leur faire de pub… Grosse claque d’humilité : j’avais gagné le prix de la femme d’affaires américaine de l’année en janvier 2007 et trois mois plus tard je me suis faite voler sans rien pouvoir faire.
Je suis donc repartie de zéro. Et j’ai été touchée car aucun de mes employés n’a quitté le navire après cette histoire, alors que je n’ai pas pu les payer pendant 6 mois ! Cette nouvelle aventure a commencé sur une note traumatisante mais cela a finalement été bénéfique car je ne pense pas que j’aurais créé une boîte de cette valeur si je n’avais pas été victime de ce vol dramatique, qui a été une révélation. Et puis à ce moment, je luttais aussi contre un cancer ! Mais on a réussi à relancer un nouveau site en janvier 2008 : www.lebootcamp.com était né ! Pourquoi ce nom ? J’aime cette notion de devoir avancer pour avoir des résultats. J’ai la niaque et je ne laisse jamais le passé me tirer en arrière. LeBootCamp, c’est ça : se donner un objectif et y aller, sans s’autoriser à utiliser les excuses du passé pour ne pas avancer.
Mon quotidien
Quand je suis chez moi à San Francisco, je me réveille tôt, vers 5H30. J’ai de la chance je suis un peu comme Napoléon, je ne dors pas beaucoup ! Dès que je me lève, je bois du sobacha (une tisane de sarrasin torréfié, ndlr), du jus de citron dans de l’eau et je fais au moins 10 minutes de yoga. Après, je bois du thé vert et je marche 30 minutes à jeun avec mon chien, sans portable pour ne pas être stressée.
Je poursuis la journée en répondant à mes mails, principalement ceux vers la France où il est 9 heures plus tard. Ensuite, je vais réveiller mon fils. Il a 18 ans, il vient d’être accepté dans une grande école à Pittsburgh pour étudier la robotique et il va bientôt quitter le nid. Mais je suis obsédée par la culture Amish et son université se trouve justement au cœur de leur territoire donc il ne va pas se débarrasser de sa mère comme ça !
Après son départ en cours, pas de pause jusqu’à midi : si j’ai des interviews téléphoniques, je les fais en marchant. Je cale des skype avec mon équipe française, on discute des nouvelles études scientifiques, des parutions dans les médias, de la stratégie de l’entreprise. Nos abonnés au coaching en ligne de www.lebootcamp.com ont droit à du contenu quotidien avec des mails et des vidéos, ils peuvent poser autant de questions qu’ils veulent à nos diététiciennes diplômées d’état que j’ai formées et qui sont toutes à Toulouse. Ce qui démarque la méthode LeBootCamp ? Ce n’est pas un régime privatif comme celui de Dukan et on ne compte pas les points comme chez WeightWatchers. Les 4 piliers sont la nutrition gourmande, le fitness facile, la motivation et la gestion du stress et du sommeil.
Mon équipe, c’est une grande famille. J’aime bien me considérer comme leur maman poule. Ils sont en télétravail, principalement à Toulouse et sur la côte est des Etats-Unis. Je suis contre le concept du bureau : si on peut l’éviter en 2014, c’est quand même fantastique ! Mais cela ne nous empêche pas d’avoir une vraie cohésion et de nous voir régulièrement. J’aime l’idée de leur offrir des conditions de travail agréables : j’ai même été récompensée plusieurs fois aux Etats-Unis pour le niveau d’éthique de mon entreprise.
Je me fais un repas sympa à la pause déjeuner, j’aime bien inviter des copines à la maison. Ensuite, je m’allonge avec un livre quoi qu’il arrive. Je ne dors que 10 ou 15 minutes mais ma sieste est sacrée : si je suis en déplacement, je vais dormir dans le taxi par exemple ! L’après-midi, je travaille avec New York et Los Angeles au téléphone et si j’ai l’occasion de faire du sport, j’y vais vers 15H : je nage, je marche dans les bois ou je fais un jogging. Je cuisine aussi beaucoup, je fais des tests pour des recettes que je vais ensuite poster sur le site ou que je garde pour de futurs ouvrages. Ensuite, je redeviens une maman et quand mon fils se couche (tard !), je travaille sur mes livres et réponds par écrit aux interviews.
Si je n’ai bien sûr pas le temps de m’occuper personnellement de nos 1,2 millions d’abonnées, je garde malgré tout le contact avec les clientes en animant tous les jours des groupes fermés sur Facebook. Et je suis encore quelques bootcampeuses qui me touchent particulièrement ! Je continue aussi à coacher des stars, sur place ou par téléphone. J’ai une double spécialité qui plaît beaucoup aux people : je travaille sur le tonus musculaire et sur le grain de peau. Actuellement, je m’occupe en direct de deux stars, je ne peux pas plus à la fois. Un de mes téléphones leur est dédié, elles peuvent m’appeler à n’importe quel moment. Je leur fais des forfaits mensuels et en général elles utilisent mes services pendant 3 à 6 mois, le temps de mettre en place des habitudes saines. Il y a aussi les stars que je coache pendant des années car elles aiment être accompagnées, que je leur fasse part des nouveautés en matière de diététique, etc. Au téléphone, je revois avec elles ce qu’elles ont fait le jour d’avant, on essaie de trouver des solutions nutrition si elles sont en tournage, etc. Ce que je leur explique c’est le « no excuse » : il y a toujours une façon de faire les choses bien.
Mes projets
Je viens de recruter un PDG pour me remplacer à la tête de LeBootCamp. J’ai l’âme d’une créatrice mais pas celle d’un PDG : je ne suis pas fan de l’aspect gestion et je pense que je n’avais plus les capacités pour continuer à faire grandir l’entreprise. J’ai recruté aussi un directeur marketing et une attachée de presse qui travailleront de France, nous sommes en train de lever des fonds. Ils vont apporter une dimension internationale et business à LeBootCamp, j’ai confiance en eux. Je serai toujours l’image du programme mais je n’aurai plus à gérer l’administratif au quotidien. C’est génial, je ne vais m’occuper que de ce que j’aime !
Chaque femme qui a atteint son objectif santé grâce à LeBootCamp est une grande fierté pour moi. Je suis très contente de mon parcours et même si je suis lucide et sévère avec moi-même je trouve toujours des justifications pour mes erreurs (rires) ! Après tout, elles m’ont permis d’avancer… Je suis heureuse, j’ai un fils équilibré et heureux, j’ai une famille qui m’aime. Mes parents vivent en France mais je viens les voir très souvent, j’ai le cordon ombilical très extensible ! Mon seul regret, c’est de n’avoir jamais escaladé l’Everest : j’ai fait le Mont Blanc et le Kilimandjaro et j’aurais adoré monter ce sommet.
Dans mes projets, il y a une volonté de lancer plus de produits diététiques, comme le sobacha que je viens de commercialiser. Je voudrais également rendre le programme LeBootCamp, qui marche très bien en France, plus présent aux Etats-Unis, en Italie et en Angleterre. J’adore l’univers de la beauté et j’aimerais bien aussi développer une ligne de cosmétiques : quelque chose d’honnête et d’éthique, qui ne fasse pas de promesses débiles.
Je me sens bien aujourd’hui dans mon entreprise. J’ai toujours eu peur de manquer et maintenant je suis à l’abri du besoin, je suis contente. Mais maintenant que j’ai assez pour vivre, ce n’est pas l’argent qui m’intéresse : je suis ravie que LeBootCamp ait 1,2 million d’abonnées mais mon objectif, c’est de toucher 100 millions de femmes dans le monde entier ! Mon but ? Leur permettre d’avoir le corps dont elles ont envie et les sortir de tous ces régimes dangereux.
Ma vie en images
J’adore faire la connaissance des Bootcampeuses en direct lors de stages ! Là c’est en novembre 2013, je suis à Paris avec les filles du club Lady Moving du 17eme à l’occasion d’un workshop baptisé « Boot rencontre ».
Mon chien, Nestlé. C’est la mascotte de l’équipe de LeBootCamp !
Chaque jour je fais fais du yoga. Dix minutes si j’ai un programme chargé, une heure si mon emploi du temps me le permet.
trop heureuse de lire cet article, Valérie Orsoni et son équipe m’ont tellement aidé dans des moments bien difficiles parfois et je suis son programme depuis pas mal d’années maintenant
j’ai arrêté par moment puis suis revenue, c’est une « amie » elle répond à toutes les questions, elle encourage, donne le moral et la santé
femme exceptionnelle ! modèle pour moi , je découvre aussi son univers ici et les amish me fascinent j’ai des bouquins sur eux !je correspond sur face book le BootCamp et ne peux vivre longtemps loin de cette source claire pleine de bon sens et d’énergie positive!
Quelle battante !
C’est impressionant.
Bravo pour ce bel article 🙂
Oui pour ce parcours exceptionnel il faut être une sacré battante…bravo 🙂
Souvent les coups durs , nous aident à aller de l’avant …. Bravo !!
Bravo.
Juste bravo. Rien d’autres à ajouter