J’ai rencontré Adeline Klam pour la première fois en octobre dernier lors d’un atelier organisé par les éditions Marabout à l’occasion de la sortie de son livre de DIY Fêtes en papier. J’ai d’abord été charmée par sa boutique où elle fait la part belle au papier japonais, à l’origami et aux matériaux de loisirs créatifs. Et puis après avoir été émerveillée par toutes les mignonneries dont recèle cette adresse dans le 11ème arrondissement de Paris, c’est la personnalité d’Adeline, aussi douce que les coloris poudrés qu’elle affectionne, qui m’a séduite. Elle a accepté de se prêter au jeu de l’interview pour 1 mag by mag en février et je l’en remercie : l’occasion pour toutes celles qui sont déjà fans de son magasin poétique d’en apprendre plus sur elle et pour celles qui ne la connaissent pas encore de découvrir l’univers de cette amoureuse des belles couleurs et des jolis motifs.
© Anne Sophie Bost
MON PARCOURS
Moi qui n’était pas très à l’aise dans le système scolaire, c’est en préparant un bac arts appliqués que je me suis épanouie. Pouvoir soudain consacrer tout ce temps d’études à l’art a été une véritable libération : je faisais enfin ce que j’aimais vraiment ! Je suis ensuite entrée à Duperré, une école publique d’arts surtout axée sur le textile. Je m’y suis intéressée à la sérigraphie, à la broderie, au stylisme et cela m’a permis de développer mon univers. J’ai aussi fait beaucoup de photos, de collectes d’objets, de photographie et de dessin. J’ai validé un BTS Art et Impression Textile et pendant une année de formation supplémentaire, j’ai travaillé sur un projet personnel qui s’est matérialisé par une exposition où j’avais reconstitué un lieu dans une petite pièce avec des meubles que j’avais chinés, des vitrines avec des objets, des dessins mis en scène, des photos que j’avais retravaillées. Cela m’a permis de laisser exprimer mon côté touche-à-tout sur différents supports pour créer un univers poétique et nostalgique. Un peu comme dans ma boutique actuelle !
Après mes études, j’ai travaillé pour la boutique parisienne La Bonne Renommée (fermée depuis), pour qui j’ai réalisé des photos de mode et d’ambiance pour leur catalogue pendant 5 ans. En parallèle de ce travail de photographe, je continuais mon travail créatif : j’utilisais beaucoup le textile en fabriquant par exemple des coussins. A l’époque, on ne trouvait pas de papier japonais, ce genre de motif n’était disponible que sur les tissus, d’où mon intérêt pour ce matériau. La particularité du motif japonais ? Il est doux, il fait voyager, il a un côté très enfantin et il y a de très belles couleurs.
En 2004, je me suis installée dans un petit local rue Galilée dans le 16ème arrondissement. J’y ai fait une rétrospective photo avec de grands tirages de mon univers photographique et après le mois d’exposition je me suis dit que je m’y verrais bien pour travailler : le lieu est devenu mon bureau. J’y ai amené ma machine à coudre, mon matériel, mes tissus. Et puis profitant du fait que la boutique avait pignon sur rue, j’ai commencé à mettre des objets en vitrine que j’avais fabriquées : des grigris, des origamis, des petites choses en tissus. Petit à petit et sans que je m’en rende vraiment compte, l’adresse s’est transformée en atelier-boutique : j’exposais les meubles que je chinais et mes créations. Et puis le bouche-à-oreilles a fonctionné, j’ai eu de plus en plus de clientes !
Ensuite lors d’une voyage aux Etats-Unis, j’ai découvert le papier japonais. J’ ai ramené de grandes feuilles de mon séjour et je me suis mise à fabriquer des lampes et à recouvrir des boîtes avec : quand on commence on est vite mordu ! On peut faire tellement de choses avec : déjà, de l’origami. J’ai débuté par la grue et j’ai ensuite fabriqué beaucoup de guirlandes pour l’atelier. Ce papier est très particulier, il est fabriqué à partir de fibres de mûrier du japon qui sont entrelacées : cela donne un résultat non-tissé, entre le tissus et le papier. Il est résistant mais pas rigide et très souple, c’est pour ça qu’il se prête à de nombreuses activités de pliages. On peut également habiller des meubles avec, recouvrir des boîtes, s’en servir pour de la reliure…
Mais j’étais frustrée car à l’époque on n’en trouvait pas chez nous donc de fil en aiguille, j’ai réussi à dénicher un fournisseur au Japon et j’ai pu importer le papier en France. Au départ, je ne vendais pas de matériel, juste les objets que je fabriquais et lors d’un salon Marie Claires idées où j’avais un stand sur lequel j’avais exposé mes créations et quelques feuilles de papier, tout le monde est venu m’en demander. Cela a été le déclic et j’ai commencé à vendre de grandes feuilles de papier japonais : j’ai été parmi les premiers à proposer ce matériau aux clientes et maintenant c’est un des produits phares de ma boutique !
Fin 2009, j’ai fait une belle rencontre : Emilie Guelpa, qui m’a interviewée dans le cadre de son blog Griottes. On s’est tout de suite liée d’amitié et grâce à elle j’ai pu mieux mettre en avant mon univers. A l’époque, je n’avais pas encore de site internet, c’était quelque chose que j’avais du mal à concrétiser car je n’avais pas encore trouvé la bonne personne. Et en fait c’était elle ! J’avais déjà pas mal d’idées, elle y a apporté son regard et le site a été lancé fin 2011.
2011 a d’ailleurs été une année charnière pour moi : j’étais enceinte de mon fils Ulysse et j’ai réalisé mes 3 premiers livres de DIY chez Marabout avec Emilie en plus de la mise en ligne du site de la boutique ! Et puis fin 2012, gros changement : après 7 années passées rue de Galilée, j’ai déménagé boulevard Richard Lenoir dans ma boutique actuelle.
MON QUOTIDIEN
Mon QG, c’est ma boutique : un lieu japonisant, beau, poétique, doux, où l’on peut trouver de quoi embellir son intérieur et rendre gai son quotidien. J’y vends mes créations : des luminaires que vous pouvez commander avec le papier japonais que vous voulez – ce qui vous permet d’avoir un abat-jour ou une applique personnalisée – de la carterie, des guirlandes, etc. Il y a aussi les produits d’autres créateurs que j’aime mettre en avant parce qu’ils collent bien à mon univers. Et puis une grosse partie de la boutique est consacrée aux loisirs créatifs avec la matière première : le papier japonais, le tissus japonais, des accessoires en carton ou en bois à customiser, des kits pour réaliser des origamis, etc. J’aime proposer du matériel ludique, des jolies choses et de belle couleurs pour pouvoir être fier de faire des choses soi-même !
Ce qui m’enrichit le plus actuellement, c’est le rapport avec les clientes. C’est vraiment très gratifiant de voir que ce qu’on fait dans la boutique apporte du positif aux gens, qu’ils s’y sentent bien, qu’ils sont contents d’y trouver de beaux objets. C’est aussi dans cette optique qu’est née l’idée de leur proposer des ateliers créatifs (fabrication d’objets en origami, collages, etc.) tous les samedi car je ne voulais pas qu’elles ressortent de la boutique en se disant « J’aurais voulu faire ça mais ce n’est pas possible ici. » J’avais cette envie depuis longtemps mais l’ancienne boutique ne le permettait pas… Mais maintenant le matériel est là, l’espace aussi, les gens ont besoin de conseils et je veux être à leur écoute.
Malheureusement, je ne peux pas être dans la boutique autant que j’aimerais… Je passe beaucoup de temps dans l’arrière-boutique à gérer l’administratif. Je m’occupe également de fabriquer les objets personnalisés que les clients commandent sur notre e-shop, comme par exemple les luminaires ou les boîtes. Mais je suis épaulée par une petite équipe : une relieuse s’occupe de la fabrication des album photos, une couturière des réalisations textiles, une vendeuse m’assiste à la boutique, il y a quelqu’un pour gérer le site, Emilie de Griottes s’occupe des photos… Et il y a mon mari Cédric qui travaille dans l’ombre mais qui participe beaucoup !
Je le connais depuis que je suis toute jeune. Après le lycée, il est parti aux Beaux Arts et moi à Dupérré : c’est à ce moment-là qu’on s’est retrouvé et qu’on est devenu un couple. On a donc débuté notre vie professionnelle ensemble et son regard a toujours été constructeur pour moi. S’il n’avait pas été là pour me guider et m’encourager, les choses n’auraient peut-être pas évolué de la même manière… Il est artiste peintre et quand il ne prépare pas ses expos, il est à la boutique. Il est partie prenante dans l’entreprise, il me donne des conseils et quand il y a des décisions à prendre, c’est toujours avec lui : c’est un vrai bonheur de pouvoir faire toutes les démarches à deux.
Quand je travaille sur un livre de DIY mes journées sont complètement différentes. Un ouvrage me prend environ 4 mois : tout part d’un vrai désir de regrouper plein d’idées et d’ambiances et quand le projet devient vraiment faisable je travaille avec mon éditrice Pascale chez Marabout. Les livres sont une manière supplémentaire d’exercer ma créativité, cela me permet de me donner le temps pour réaliser les créations que j’ai dans la tête. Parce que sinon on se laisse embourber par les choses à gérer au quotidien… Je commence par l’étape des croquis, j’en fais énormément que j’affiche sur un grand tableau. Comme je suis très visuelle, je ne peux pas me contenter d’un petit carnet, il me faut de grandes surfaces pour visualiser les objets et les gammes de couleur ! C’est le matériau qui va me guider et déterminera la direction à prendre car je sélectionne le papier avant de faire l’objet. Ensuite, je passe à la fabrication, qui est une phase plus courte que la précédente même si je prépare beaucoup plus de créations qui n’apparaitront finalement dans l’ouvrage. Enfin, je travaille pendant deux semaines sur le shooting photos avec Emilie. J’imagine tout le stylisme et elle y apporte son regard de composition avant de photographier les objets.
Côté inspiration, je suis une vraie éponge ! Une info découverte via le web, une couleur, faire les brocantes ou des objets qui n’existent pas au quotidien peuvent me donner des idées… J’adore aussi les livres d’enfants : à travers le travail des illustrateurs je me retrouve à voyager dans les motifs, un peu comme avec les papiers japonais. Et comme j’ai un petit garçon, je peux partager ça avec lui !
MES PROJETS
La boutique est en constante évolution : je voudrais par exemple proposer plus de kits pour faire des origamis, développer notre rayon carterie et augmenter aussi notre choix de papiers japonais unis.
Côté édition, je prépare un nouveau livre DIY chez Marabout qui sortira en janvier 2015. Je ne peux pas encore trop en dévoiler mais ce que je peux vous dire c’est je vais y développer un univers très féminin !
Il va y avoir aussi plus d’animation du côté des ateliers. En complément des rendez-vous hebdomadaires, je vais laisser des plages horaires de libres pour ceux qui voudraient réserver un atelier personnalisé en groupe pour des enterrements de vie de jeune fille, des anniversaires ou des moments en famille.
Et puis pourquoi pas ouvrir une deuxième boutique Adeline Klam ? C’est un projet un peu effrayant mais j’en ai très envie…
Boutique Adeline Klam
54 boulevard Richard Lenoir
75011 Paris
http://www.adelineklam.com/
MON UNIVERS EN IMAGES
La grue est certainement le pliage que j’ai le plus réalisé ! Il peut faire peur mais il est très abordable, une fois qu’on a identifié les petites erreurs à éviter.
Le papier japonais, c’est ce qui marche le mieux dans la boutique.
J’aime beaucoup ces petites étoiles que l’on vend à la boutique. C’est moi qui les fabrique.
Une chaise d’enfant que j’ai habillée de papier japonais (© Instagram Adeline Klam)
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J’adore la boutique Adeline Klam ! Sympa d’en découvrir un peu plus sur celle qui se cache derrière ce joli lieu où l’on a envie de tout acheter 😉